Demain il sera trop tard, de Jean-Christophe Tixier


Editions : Rageot
Collection : /
Auteur : Jean-Christophe Tixier
Couverture : /
Parution : 13 Septembre 2017

Virgil vit dans l’insouciance. Le Terme diagnostiqué à sa naissance fait de lui un 81 (il va vivre 81 ans). Mais un jour, une Brigade tente de l’arrêter. Il s’enfuit. Débute alors sa descente aux enfers.
Enna, elle, est Court Terme et vit dans le ghetto. Elle graffe sa révolte sur les murs des beaux quartiers. Quand son amie est tuée par un groupuscule proche du pouvoir, elle jure de la venger…
Traqué, Virgil rencontre une jeune geek, Lou, analyste de données, qui lutte clandestinement contre le système.
Lui, Enna, Lou et d’autres sont décidés à se battre contre cette société totalitaire qui les a condamnés et à vivre intensément chaque jour, chaque minute, chaque seconde, qui restent !



Merci à NetGalley et aux éditions Rageot pour leur confiance. =)

Un jour, après avoir acheté des places de concert, Virgil reçoit un coup de téléphone de sa mère comme quoi il ne doit pas venir à la maison. Les unités Spéciales sont là pour l’appréhender. Pourquoi ? Parallèlement Lou, une hackeuse, se demande ce qu’il se passe comme événement et Enna, va prendre une décision après un tragique épisode.
C’est un monde dominé par une société qui a inventé les Termes. Grâce à un test à la naissance, les personnes peuvent savoir à quel âge ils vont mourir. La société a changé et des classes sociales (hors riche et pauvre) ont émergé.  En fonction du Terme, chacun a une vie différente dans une condition glorieuse ou misérable. Comme pourquoi avoir de l’éducation, avoir accès aux connaissances quand tu meurs à l’âge de 12 ans ? Tu sers juste d’esclave au Long Terme. Ils sont divisés en catégorie par rapport à l’âge du Terme : Court Terme, Moyen Terme et Long Terme.

C’est une dystopie crédible et assez réaliste. J’ai été déçue du pourquoi du comment mais en prenant du recul, je trouve ça logique et non abracadabrant. C’est un livre qui délivre plusieurs messages comme « être soi-même », « vivre sa vie comme on a envie », « ne pas avoir peur de réaliser ses rêves » et j’en passe... Certains arrivent comme un cheveu sur la soupe. D’autres, heureusement, arrivent au bon moment. Parfois, certaines scènes ne me semblaient pas nécessaires. Je me suis quand même laissée transporter par le récit. Je n’étais pas complètement dedans néanmoins j’ai aimé suivre nos protagonistes et les voir s’envoler, évoluer, prendre conscience de beaucoup de choses.
Ce n’est pas parce qu’on meurt jeune qu’on n’a pas le droit de vivre sa vie. Il faut profiter, en tout cas, savoir profiter.

« Ce système ne tient debout que parce qu’on ne se pose pas les bonnes questions et que tout le monde y trouve son compte, ou presque, poursuit-elle, laissant exploser sa colère. Chacun trouve normal que les fonctions importantes soient occupées par des Longs Termes, auxquels on offre une vie de rêve. Ce ne sont pas eux qui vont remettre en question ce principe. »

Ce roman, dans un sens, fait peur. Pourquoi ? Car demain, ce monde peut être vrai. Pas un jour prochain non mais de suite. Le récit est assez complet. Nous rentrons directement dans le vif du sujet. Les différents points de vue nous imposent un rythme assez entraînant (même si certains, je voulais les expédier). On balaye un large panel. Ce n’est pas rocambolesque. On suit les sentiments des personnages, leurs vies, leurs vécus, leurs réactions. Ils passent par énormément d’émotions : le doute, la rage, l’amitié, le désir, la tristesse, la joie…  Un monde en ébullition.
Comment prouver la manipulation, l’endoctrinent et la propagande ? Une dystopie très différente de ce que j’ai lu. C’est concentré sur l’essentiel, sur les préparatifs, sur les preuves et sur cette société. Elle est calme et pourtant explosive dans les émotions et les sentiments. J’avoue que je n’ai pas ressenti énormément d’émotions. J’ai lu tel un robot ce qui est dommage. Ce récit aborde un large éventail de sujet de la vie : le problème des classes sociales qui entraîne des comportements différents en fonction d’où on vient, un problème d’identité où on remet tout en question en découvrant d’où on vient et en venant d’où on vient, des aspects idéalistes ou extrémistes. Un univers violent bercé dans des convictions différentes. Une société dirigée par une entreprise, la FGAH, (sympa la spécificité des noms !) qui décide qui doit vivre et mourir. Des personnes opprimés, bercés d’illusions et bernés par un système. Des personnes fières qui ferment les yeux. Un monde de souffrance et de joie, d’envie et de répulsion. Les plus petits événements, les plus petits détails peuvent tout changer. Il suffit d’une seule erreur pour se rendre compte du monde. Il suffit d’une étincelle pour que l’espoir renaisse. Je préfère ne pas savoir l’âge de ma mort pour vivre tout simplement et ne pas stresser à l’approche de l’âge fatidique.

« Il se penche en avant, observe Lou un moment, puis reprend : 
-   Tu voudrais que l’on revienne à l’époque où on ne savait pas ? 
Elle reprend un moment pour réfléchir.
-   Peut-être. Je n’aime pas l’idée d’organiser ma vie en fonction d’un compte à rebours qui égraine inlassablement les secondes. Car nos vies sont devenues d’implacables comptes à rebours. »

L’écriture riche de l’auteur est fluide et entraînante. On rentre dans le vif du sujet : les valeurs de la vie et les problèmes rencontrés, les œillères pour rester dans un cocon au lieu d’ouvrir les yeux…

« Je vois que le pouvoir a parfaitement domestiqué la population, le raille-t-elle. A croire qu’avec la généralisation du Term-Test®, tout le monde accepte son Terme comme une fatalité, et personne ne remet en question la dictature que cela induit. Tu es un parfait mouton, comme les autres. »

Virgil m’a étonné. Un garçon qui voit sa vie basculer et qui va faire plein d’erreurs. Il va tout remettre en question et a un sacré caractère. Enna est pareil, elle rêve tellement de liberté, qu’elle voit jusqu’où ça peut aller. Elle est en colère et réactive. Virgil et Enna se ressemblent. Et Lou celle qui ne change pas, reste elle-même et qui est l’ombre. Ils sont très différents.  Certains comportements sont très réalistes, par contre d’autres c’est un cheveu sur la soupe. Je me suis plus attachée à Lou et Enna (un moment non, je levais les yeux au ciel) que Virgil. C’est celui qui m’a agacé. Il voit sa vie chamboulée, ses repères détruits… ses réactions semblent justes (c’est vrai, qu’il y en n’a pas des « pas justes ») mais il était chiant, énervant… Parfois ils ne réfléchissaient pas. Le truc que je n’ai vraiment pas aimé ce sont les sentiments « amoureux » et/ou « désireux » spécialement concernant Enna et Virgil… J’ai rien compris. Ça ne m’a pas plus du tout. Je n’aime pas qu’on mette une scène pour délivrer un message spécifique. Ça ne l’a pas fait. J’étais super déçue du choix de l’auteur.
Par contre Jolson, c’est un de mes personnages favoris. Il est enroulé dans un moule, une société régit par le Terme qui est l’âge de la mort. Il en veut aux Courts Termes qui pour lui sont des déchets. Pourtant, petit à petit, on voit l’esprit conditionné, fermé qui se rend compte du monde, des joies des différences et de tout ce que ça a engendré et engendre.
Donc ils sont tous diversifiés, réagissent différemment à leur malheur. Des réactions extrêmes tellement humaines et parfois ignobles de tout de même. Des réactions réfléchies à des réactions soumises aux humeurs.



C’est un roman qui fait réfléchir. L’auteur réussit à montrer l’endoctrinement d’un système. Ce récit ne monte pas en crescendo, mais nous montre juste l’essentiel, un envers du décor et les conséquences. Les petits détails qui peuvent faire tout la différence. Un univers effrayant qui nous dit qu’il faut changer et ouvrir les yeux sinon Demain, il sera trop tard. Dommage, que je n'ai ressenti limite aucune émotion.

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